Sur les pas d'Alain-Fournier
Comment dire l'émotion qui vous saisit là , devant cette grille à Epineuil le Fleuriel , devant l'école dite du Grand Meaulnes . . devant l'école où vécut Alain-Fournier et qui lui inspira "Le grand Meaulnes".
A lire et relire Le Grand Meaulnes, à écrire sous la dictée les mots d'Alain Fournier , toute une représentation des lieux se construit et s'imprègne. Je n' irai pas voir le film qui s'annonce cette semaine . On a ses cultes , ses images , on a " son " Meaulnes, " son " Sainte-Agathe ", dont on ne parvient pas à se défaire, dont on ne veut pas se défaire . Même après être venu à Epineuil le Fleuriel , le vrai nom de Sainte-Agathe.
Même en ayant franchi la grille , foulé le sol de la cour , si petite, " immense avec préaux et buanderie " disait-il , la représentation des lieux que je m'étais forgée à la lecture , restent, en surimpression sur celles-ci , tellement émouvantes.
"Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189...
Une longue maison rouge , avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l'extrémité du bourg; .....
François Seurel et Augustin Meaulnes seraient-ils encore là ?
Tout laisse à croire ... Quelques pélerines noires sèchent sous le préau,
Nous sommes fin août 2005, le sol de la cour n'a pas été beaucoup foulé, les herbes poussent.
Il me revient aussitôt en mémoire .... " à quatre heures une longue soirée de solitude commençait pour moi ......... Lorsqu'il faisait noir , que les chiens de la ferme voisine commençaient à hurler et que le carreau de notre petite cuisine s'illuminait, je rentrais enfin. Ma mère avait commencé de préparer le repas . Je montais trois marches de l'escalier du grenier . ....."
" Mais quelqu'un est venu qui m'a enlevé à tous ces plaisirs d'enfant paisible."
Nous sommes rentrés, nous avions l'immense privilège de n'être que deux , mon mari et moi, sur les pas d'Alain Fournier, de sa famille et du Grand Meaulnes.
Emotion difficile à dire, chaque pièce fait renaître des phrases entières, on entre dans le secrétariat de mairie, on passe dans la classe de Monsieur Seurel, puis celle de Madame Seurel . On parcourt le logement , sa cuisine , son salon , puis on monte à l'étage . La chambre, la porte qui gémit, .... , le grenier qui respire sous le vent , ses amas de cahiers et de livres laissés sans artifice , puisque l'école n'a été désaffectée que dans les années 70 il me semble.
Et reconstituée telle qu'on pourrait imaginer Monsieur Seurel prenant place à son bureau , et le futur Alain Fournier , à gauche , près de la fenêtre.
et les élèves sous le préau où les attendent leur pélérine ...