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Fatrasie ...
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5 novembre 2007

Le chasseur d'images.

 

   

aube_naissante

 

 

Il saute de son  lit de bon matin, et ne part que si son esprit est net, son coeur pur, son corps léger comme un vêtement d'été. Il n'emporte point de provisions. Il boira l'air frais en route et reniflera les odeurs salubres. Il laisse ses armes à la maison et se contente d'ouvrir les yeux. Les yeux servent de filets où les images s'emprisonnent d'elles-mêmes.

 

 

La première qu'il fait captive est celle du chemin qui montre ses os, cailloux polis, et ses ornières, veines crevées, entre deux haies riches de prunelles et de mûres.

 

 

Divers_octobree_021

 

 

Il prend ensuite l'image de la rivière. Elle blanchit aux coudes et dort sous la caresse des saules. Elle miroite quand un poisson tourne le ventre, comme si on jetait une pièce d'argent, et, dès que tombe une pluie fine, la rivière a la chair de poule.

Rivi_re

 

 

 

   

10_juin_2008_022

 

 

Il lève l'image des blés mobiles, des luzernes appétissantes et des prairies ourlées de ruisseaux. Il saisit au passage le vol d'une alouette ou d'un chardonneret.

 

 

Img_038

 

Puis il entre au bois. Il ne se savait pas doué de sens si délicats. Vite imprégné de parfums, il ne perd aucune rumeur ,et, pour qu'il communique avec les arbres, ses nerfs se lient aux nervures des feuilles.

 

 

Img_041

 

   

 

 

 

 

Img_001

 

 

 

dimanche_3_octobre_013

 

 

 

Divers_octobree_022

   

 

Bientôt vibrant jusqu'au malaise, il perçoit trop , il fermente, il a peur, quitte le bois et suit de loin les paysans mouleurs regagnant le village.

 

 

 

vers_le_bois

Dehors il fixe un moment, au point que son oeil éclate, le soleil qui se couche et dévêt  sur l'horizon ses lumineux habits, ses nuages répandus pêle-mêle.

Enfin rentré chez lui , la tête pleine, il éteint sa lampe et longuement avant de s'endormir, il se plaît à compter ses images.

Dociles, elles renaissent au gré du souvenir.

comme les perdrix poursuivies et divisées tout le jour chantent le soir, à l'abri du danger, et se rappellent au creux des sillons .

 

 

Img_016

 

 

Chacune d'entre elle en éveille une autre, et sans cesse leur troupe phosphorescente s'accroît de nouvelles venues,

 

 

Source

Silhouette

branche

                                                          Jules Renard .1864 - 1910

 

 

Jules_Renard

Préface des Histoires naturelles

et pour les photos c'est moi ...j'espère qu'il les aurait qu'il  les aurait  trouvées dignes d'illustrer son propos .    

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