Le plus petit dénominateur humain.
"22h 18, Les Mureaux, Allée des glaïeuls .
Maman a joué la scène 2 très Mater Dolorosa. Elle aussi avait eu le temps de répéter son rôle. A peine sortie de la voiture, elle a filé dans la maison genre inspirée. Elle s'est joliment laissée tomber sur une chaise de cuisine et a essuyé sa morve avec le dos de sa main. Dans le silence que seuls les pavillons de banlieue savent produire, elle a reniflé en levant un petit visage tout blanc vers mon père qui lui a - miracle ! - caressé la joue.
C'était obscène. Il ne manquait que le petit Jésus. Et moi , j'étais de trop . Je suis montée dans ma chambre.
Parler de ma chambre est exagéré..... " .
C'est à la page 17 du roman de Valérie Liquet-Madry. Son premier roman, aux Editions d'un Monde à l'Autre ( clic ) qui "publient des ouvrages sur la différence en général et le handicap en particulier" .
Mettre des mots sans concession, sur la réalité qui "ressemble à de la haine" , sans détours, écrire au scalpel , dénuder à vif la vérité de que vit la narratrice, soeur de Chloé, née " mi-morte, mi-vivante ", et cependant " notre plus petit dénominateur humain à toutes". En faire un roman, avec beaucoup de talent dans sa construction, son écriture et sa manière de franchir les miroirs et de faire entendre un cri longtemps retenu.
On ne peut qu'être touché, profondément . De ces livres qu'on n'oublie pas .
Regard sur un projet militant : Editions d'un Monde à l'Autre